Bonjour à tous !
Chers ami(e)s lecteurs et lectrices, aujourd'hui, j'entame le premier chapitre d'une longue mais forte intéressante série concernant la libération de notre ville survenue il y a 80 ans. Je m'adresse à vous aujourd'hui, alors que je ne me situe pas à Auxonne pendant quelques jours. En effet, j'ai décidé de m'accorder quelques jours de congés (bien mérités), je me suis mis au vert en rejoignant le milieu paysan que j'apprécie temps pour quelques jours. Mais ne craignez rien, je serai bientôt de retour pour continuer mon parcours dans notre belle ville. Avant de vous évoquer la libération d'Auxonne, je vais déjà consacrer ce premier chapitre lorsque qu'Auxonne était occupée par les Allemands, ainsi nous pourrons déjà nous mettre dans le contexte du début des années 40. Cet article est réalisé en grande partie grâce au témoignage de M. Maurice Perriot, qui était alors enfant lorsqu'Auxonne était occupée ainsi que quand Auxonne fut libérée. Les faits qu'il m'a témoigné (avec une grande gentillesse) sont de sources sûr puisqu'il les a vécus. Je le remercie donc de m'avoir accordé une interview sur une époque difficile qu'il a vécu et que beaucoup de Français ont voulu enfouir dans leur mémoire. Les phrases écrites en italique rapporteront les faits que M. Maurice Perriot a vécus et qu'il a eu la gentillesse de me décrire.
Je n'ai pas réussi à trouver la date précise de l'arrivée des Allemands à Auxonne, mais une chose est sûre : c'est qu'ils furent présents pendant plusieurs mois voir années à Auxonne (probablement 4 ans).
« Je me souviens que les Allemands logèrent aux casernes, néanmoins ils stockaient leurs vivres aux châteaux. Je me rappelle qu'ils étaient plusieurs centaines. Dans mes souvenirs, il n' y avait pas de poste de Gestapo ou de Kommandantur à Auxonne. Je n'ai d'ailleurs pas de souvenirs concernant des arrestations de Juifs ou de résistants à Auxonne.»
Pour les quelques lecteurs ou lectrices ne sachant pas ce qu'étaient la Gestapo et la Kommandantur, je leur propose ci-dessous leurs définitions :
Auxonne sous la tutelle de la Kommandantur
Après avoir cherché dans diverses archives et livres, j'ai pu retrouver une anecdote indiquant l'existence d'une Kommandantur à Auxonne. Voici cette anecdote :
"Lulu Matrat, homme simple, fut tué par méprise par un soldat allemand pendant l'Occupation. La Kommandantur d'Auxonne n'a d'ailleurs jamais voulu reconnaitre son erreur, considérant qu'il s'agissait d'un terroriste. Le jour de ses obsèques, alors que le cortège funèbre quittait l'église pour se rendre au Cimetière, un barrage de soldats allemands interdisait le passage entre les deux casernes. Le motif invoqué : un enterrement de terroriste ne passe pas devant les drapeaux allemands. Le cortège prit la route contournant les casernes (aujourd'hui, la rue des Glacis). Arrivé au pont de la Brizotte, un second barrage attendait le corbillard, le cercueil en fut retiré et une fouille eut lieu à la recherche d'armes. La fouille terminée, le cercueil remis en place, Lulu put enfin rejoindre sa dernière demeure."
Toutefois, nous ignorons le lieu d'emplacement de cette Kommandantur.
La vie quotidienne des habitants est rythmée entre tickets de rationnement, couvre-feu et pénurie de carburant.
-Les moyens de locomotions ;
« Peu de voitures circulaient, une ou deux à charbons, quelques unes à gaz, même si les habitants se déplaçaient en majorité en chariot.»
-Quant au couvre-feu, il fallait le respecter à la lettre :
« Les lumières étaient interdites à partir d'une certaine heure, même si les habitations avaient toujours de l'électricité. Nous devions fermer nos volets et boucher leurs trous pour ne pas que les Allemands nous voient et que nous soyons repérés du ciel.»
-La Radio :
« Nous pouvions écouter la radio, mais si les Allemands apprenaient que nous écoutions Radio Londres, ils allaient faire des représailles. »
Napoléon et les Allemands à Auxonne
Napoléon avait la particularité d'être respecté durant le IIIème Reich. Le chancelier allemand avait fait ramener les restes de l'Aiglon (fils de Napoléon) en décembre 1940 aux Invalides (lieu où repose déjà son père) pour "soi-disant" améliorer son image aux yeux des Français. À Auxonne, l'empereur fut également respecté. Au printemps 1942, il est décidé de faire fondre toutes les statues en bronze du département. Une fois fondu, le bronze sera transformé en pièce d'artillerie, en armes, etc. Seules seront épargnées les statues de Monge à Beaune, de Buffon à Montbard, de Vercingétorix à Alise-Sainte-Reine et, bien entendu, de… Bonaparte à Auxonne. Les Allemands avaient d'ailleurs un profond respect pour cette statue, car à chaque fois qu'ils passaient devant, ils s'arrêtaient et ils se mettaient au garde à vous ! Des Allemands au garde à vous par un empereur français, mort il y a plus de 120 ans, qui pourraient y croire ? C'est pourtant de la pure vérité.
Une autre anecdote me fut également racontée par M. Perriot, la voici :
« Je me souviens d'une journée où une partie des Auxonnais, dont moi, nous sommes soudainement partis en direction du château. Nous y sommes allés pour piller leurs réserves de nourriture qui était stockées au château.»
En effet, les Allemands logeaient aux casernes, mais ils stockaient leur ravitaillement au château. Mais cette anecdote ne s'arrête pas là, voilà la suite :
«Nous allions au château pour avoir à manger. Nous avions récupéré quelques petits morceaux de pain d'épices. Mais les Allemands n'avaient pas décidé de nous laisser faire, ils nous évacuèrent du château. Soudain, ils commencèrent à tirer en l'air depuis les remparts du château. Tout le monde se retrouva pris de panique et l'on se coucha par terre, j'étais juste sur un champ d'orties entre les remparts et les abattoirs. Puis, au bout de plusieurs minutes, ils cessèrent de tirer.»
Évidemment, mon interlocuteur eut droit à quelques questions de ma part. Je lui demandais combien de temps dura l'événement, il me répondit qu'il dura dans ces souvenirs environ 30 minutes. Je lui demandais également s'il y avait eu des morts voir des blessés, il me répondit qu'il ne se souvenait plus vraiment, mais que les Allemands avaient surtout tiré pour leur faire peur.
Le premier chapitre étant pratiquement terminé, je vais devoir vous quitter sur cette image. Mais avant, je vous annonce que le prochain chapitre sera publié autour du 5, dans ce chapitre j'évoquerais le programme des 80 ans de la Libération que nous célébrerons le week-end du 7 et 8, je parlerais également encore un peu de l'Occupation allemande.
Il y a un peu bout de temps, quelques lignes plus haut, je vous avais parlé du soulèvement de la population Auxonnaise au château. Dans cette affaire, j'avais cherché une quelconque trace écrite de notre récit, en vain. Mais aujourd'hui, cela a changé puisque j'ai fort probablement trouvé une de ces rares traces écrites. Elle est l'extrait d'un journal d'époque, je vous la communique ci-dessous :
"Le 27 juin, la direction du service des prisonniers de guerre à Lyon a été avertie que les Allemands avaient bloqué le centre de distribution d'Auxonne et s'étaient emparés du chocolat, du sucre, des cigarettes et du tabac destinés aux prisonniers." Source : Action : organe social de la France du 1er juillet 1944.
On comprend donc que les Allemands ont pillé le centre de distribution de notre ville. Cet événement peut donc être le motif du soulèvement des Auxonnais et Auxonnaises qui eut lieu probablement quelques jours plus tard. C'est la seule petite piste que j'ai pu trouver.
Je vous souhaite une bonne journée à tous.
Sources: "Notes d'un Dijonnais pendant l'occupation allemande : 1940-1944" de Henri Drouot, "La Bourgogne dans la Seconde Guerre mondiale" de Jacques Canaud et Jean-François Bazin, "Auxonne voyage dans le temps...balade dans les rues commerçantes" de L'Association Ecomusée du Maraîchage et des Traditions populaires du Val de Saône ainsi que mes archives personnelles. Je tiens à remercier la Mairie d'Auxonne, l'Office de tourisme d'Auxonne- Pontailler-sur-Saône, la bibliothèque municipale d'Auxonne ainsi que la section locale du Souvenir Français. Je tiens également à remercier chaleureusement M. Maurice Perriot ainsi que mes ami(e)s : Mme Agnès Segaux , la famille Roquel, ma sœur et M. Claude Speranza accompagné de son blog Chanteclerc.
Lohann Poulot--Scheider
La flèche rouge indique le lieu de sortie des Auxonnais et des Auxonnaises après avoir pillé le Château. La flèche verte indique le rempart ou étaient situé les allemands avec leurs fusils. La flèche bleu indique le champs d'orties ou les habitants d'Auxonne s'étaient couché (dont M. Perriot). L' A.R.C.