Bonjour à tous !
Chers ami(e)s lecteurs et lectrices, nous revoici aujourd'hui dans notre capitale de l'Oignon, voir l'article en lien ci-dessous.
Aujourd'hui, nous évoquerons donc l'hôtel-restaurant du Grand Cerf.
L'existence de l'hôtel du Grand Cerf remonterait au minimum à 1826. Il est mentionné pour la première fois en 1827. En 1828, il est dit dans un article de presse qu'un domestique de l'hôtel est arrêté car il aurait consenti au meurtre d'un enfant jeté à la Saône moyennant 50 francs ! Vraiment effrayant ! Durant tout le long du XIXe siècle, il sera cité dans divers romans-feuilletons. Le 3 août 1884, l'hôtel est mis aux enchères. L'acquéreur devra toutefois respecter le bail conclu par l'ancien propriétaire pendant encore 12 ans. Les articles de presse mentionnant cette vente aux enchères donnèrent une rapide description de l'hôtel, je vous la retranscris :
"Composé de plusieurs corps de bâtiments, d'une cour, d'aisances et de dépendances.
L'hôtel du Grand Cerf est situé dans la dite ville d'Auxonne, dans la principale rue de la ville et est fort bien achalandé. Il comprend 20 chambres à coucher, 3 grandes salles à manger, bureau, cuisine avec grand office et laboratoire pour pâtisserie, écurie pour trente chevaux, deux remises pour voitures, sellerie, lavoir et réservoir dans la cour, deux grandes caves et caveaux."
L'acquéreur devra respecter le bail dont le locataire de l'établissement est M. Schwein. Le loyer est de trois milles francs par mois. L'hôtel était le plus grand lot de cette vente aux enchères, sa mise à prix fut annoncée à vingt milles francs (cela représentait environ 200 000 euros en 2006). Durant le XIXe siècle, plusieurs omnibus feront le trajet entre la Gare d'Auxonne et l'Hôtel du Grand Cerf.
Au tout début du XXe siècle, le restaurant est plutôt raffiné, il est probablement, avec l'hôtel restaurant du Corbeau, le plus chic restaurant auxonnais. Le restaurant accueillera beaucoup de banquets et il sera le fief des célébrations officielles auxonnaises. En 1906, un banquet démocratique y sera célébré, puis en 1907, un déjeuner sera offert par Albert Garnier (conseiller général aux maires de son canton) suite à une remise de décoration. En 1908, il accueillera également un banquet en l'honneur de la fête des canons, canons remis ce même jour à la ville. M. Muteau, député, sera présent lors de ce banquet, il était présent également lors du banquet démocratique. Plusieurs repas de Comice Agricole y seront célébrés de 1904 à 1912 avec parfois la présence de M. Alfred Muteau (Député) ou de M. Anatole Philipot (Sénateur). En 1904, le propriétaire est un certain Jeaninet-Guillot, en 1905, le propriétaire est Joseph Philippe, il le restera au moins jusqu'en 1912, toutefois un autre propriétaire est cité pour l'année 1907 : A. Pierre. En 1908, 1910 et 1912, lors de divers repas du Comice Agricole, des concerts auront lieu pendant ces banquets. Il est difficile de chiffrer la capacité journalière du restaurant, toutefois, en 1904, lors du repas du Comice Agricole de Saint-Jean-de-Losne, le repas accueillera environ 200 couverts. Cela laisse donc présager que le restaurant avait une grande salle à manger, voir plusieurs. Durant ces années de gloire (au début du XXe siècle), l'hôtel sera parfois comparé à l'hôtel de La Cloche, hôtel dijonnais réputé pour son standing et son luxe. Après la Première Guerre Mondiale, durant les années 1920, Le Grand Cerf accueille quelques marchands spécialisés en médecine, ainsi Le Grand Cerf est le lieu de rencontre pour aller chez le dentiste ou l'oculariste. Peu avant la Seconde Guerre Mondiale, l'hôtel-restaurant dispose toujours d'une bonne réputation, il n'est pas rare de le voir cité dans plusieurs guides. Toutefois, même s'il dispose encore d'une bonne réputation, il semblerait que cette dernière ait commencé à se dégrader.
Après avoir traversé la Seconde Guerre Mondiale, l'hôtel est toujours présent dans les années 1950 et 1960. À partir des années 70, il commence à tomber dans le déclin. Les années 1980 verront sa chute, même s’il survivra néanmoins. La décennie 1980 verra arriver les premiers restaurants rapides et les premiers hôtels bas de gamme comme les "Formule 1", ceux-ci mettront donc un coup de massue aux hôtels et aux restaurants disposant pourtant d’une solide réputation. La Cloche à Dijon ne sera pas épargnée non plus par cette crise. Début novembre 1987, un incendie se déclare dans le bâtiment. Les pompiers d'Auxonne combattent le feu, les sapeurs-pompiers de Dole accompagnés de leur camion à grande échelle seront appelés en renfort. Au total, trois camions à grandes échelles seront déployés, la Grande Rue sera barrée et la circulation sera déviée. Heureusement, l'incendie ne fera aucune victime et ne se propagera pas aux bâtiments adjacents, il ne reste par contre plus rien de l'hôtel restaurant. La carcasse encore présente du bâtiment calciné sera détruite, un nouveau bâtiment sera construit, ce bâtiment est toujours présent aujourd'hui. L'hôtel du Grand Cerf était situé aux 48 et 50 rue Antoine Masson.
Avant de vous quitter sur quelques documents, je tiens à vous signaler que le prochain article vous sera communiqué incessamment sous peu. Cet article sera une copie de celui qui a été transmis et distribué fin octobre à l'Hôpital d'Auxonne. Cet article sera titré « L'affaire des trois soleils Auxonnais », voici donc le titre et le sujet du prochain article.
À très bientôt et bonne journée à tous.
Sources : Le Provincial : recueil périodique dédié à 85 départements, article du 15 mai 1828, Le Courrier de Saône-et-Loire : journal politique et judiciaire article du 24 juillet 1884, "Le Progrès" article du 6 janvier 2024 ainsi que la "Collection des menus-Bibliothèque Municipale de Dijon".
Lohann Poulot-Scheider
Photographie n°1 : l'Hôtel du Grand Cerf, la date de la photographie est inconnu mais elle doit daté des années 1920-1930. Source : Geneanet-Hier et Aujourd'hui. Photographie n°2 et 3 : L'Hôtel du Grand Cerf pendant l'incendie de novembre 1987. Source : "Le Progrès" article du 6 janvier 2024. Photographie n°4 : L'Hôtel du Grand Cerf peu après l'incendie, ont peut voire encore une lance à incendie éteindre le brasier. Source : "Le Progrès" article du 6 janvier 2024.